Chers « Amoureux vos papiers »…
Ce matin, jour de la Saint-Valentin, j’ai pensé à l’amour de ma vie. Celle avec qui je partage mon quotidien, mon journalier. Celle que je côtoie et avec qui je partage mes inquiétudes, mes moments particuliers. Celle qui me parle de projets et avec qui je m’enthousiasme dans la perspective de leurs réalisations.
Toutefois, mes pensées vont également à toi. Oui toi ! Cette personne qui ne peut ou plutôt qui n’a pas le droit de partager ces moments avec l’être que tu aimes. Pour des raisons que l’on croit morales et dictées par une politique sécuritaire. Sur base de suspicion, de doute, ils peuvent vous priver de partager une vie, un foyer, un amour.
Tu dors dans un lit deux places, mais seul toi est présent. Ta maison est suffisamment spacieuse pour faire entrer une famille, mais pas assez pour l’agent de quartier. Ils décident pour toi, ils pensent que tu pourrais être manipulé, trompé pour des papiers. Mais nous savons tous que l’amour n’est pas l’affaire d’État et que souvent ce qui s’immisce n’apporte rien de bien. On dit souvent que l’amour est aveugle, mais pas aux yeux de la loi. Ils s’incrustent dans votre relation et vous questionnent de la véracité de celui-ci. Ils vous demandent l’improbable, vous obligeant à répondre sans failles au risque de voir détruire vos projets d’avenir. Ils chassent le faux amour comme s’il était possible de le détecter.
Seriez-vous coupable d’aimer ? Vous l’êtes et je ne le suis pas. Je ne pense pas que mon amour soit plus sincère que le vôtre, je ne crois pas que je mérite plus qu’un autre de vivre avec ma dulcinée. Aujourd’hui, confronté à cette réalité dont je n’avais pas conscience, je me rends compte qu’aimer librement n’est pas l’affaire de tous. L’amour est le rapprochement de deux personnes et aux yeux de certains c’est le rapprochement vers une civilité, une identité, un matricule que l’on appelle papier. Aimer pour une carte d’identité ou aimer pour s’identifier à l’amour que je porte à une personne ?
L’amour a ses raisons que la raison ne connaît pas et pourtant certains pensent connaitre les raisons qui motivent cet amour.
Je m’adresse à toi. Oui à toi qui a la folie d’aimer au-delà des frontières. Qui a décidé de ne pas se limiter à son voisinage, d’aimer quelquefois outre mer ou à outrance. Tu prends le risque du refus parce que tu as rendu son titre de noblesse à l’amour, celui qui dit qu’elle n’a pas de limite. Celui qui ne questionne pas les raisons de l’amour mais l’importance d’aimer. Celui qui ne programme pas son relationnel mais qui découvre au fil du temps ce que la vie lui présente. L’amour que tu as choisi est la communion de deux destins et non pas l’union de deux identités citoyennes communes. Tu fais des choix périlleux au risque de te morfondre dans la solitude, tu choisis de suivre l’élan amoureux et non pas une alliance de commodité.
Au travers de cette intolérance, je me rends compte que j’ai la chance de vivre avec celle que j’aime. Je prends conscience que le vivre ensemble est une richesse, mais pas toujours partager par ceux qui définissent notre identité sous forme de carte. Sache que rien ni personne ne peut mettre en doute la sincérité de ton amour, que ceux qui s’entreprennent à inscrire une formule à votre relation ne sont ni plus ni moins ceux qui craignent le vivre ensemble.
À toi, oui à toi qui te bats pour te réunir avec ton compagnon ou ta compagne je t’invite à aimer davantage. À surmonter cette épreuve par amour et pour l’amour. À ridiculiser leurs principes en démontrant que l’amour n’est pas quantifiable ni qualifiable. L’amour trouve sa force dans l’incertain.
Moussaoui Mohamed – Ecrivain Public chez P.A.C.
