Lorsque j’étais enfant, j’avais ce besoin déraisonnable de rêver. Mes rêves étaient géniaux et même si on ne pouvait pas les programmer, j’essayais par tous les moyens de les construire. Eveillé coucher dans mon lit, je me plongeais dans des scénarios décousus où tantôt j’étais un super héros et tantôt avec une belle femme m’embrassant inlassablement et amoureusement.
Je m’imaginais mon futur comme un célibataire endurcit vivant dans une immense maison suréquipé recevant de temps à autres des conquêtes passagères. Mon métier devait se situer entre l’agent secret et la mission humanitaire. Je me vois beau et fort. Je me vois encore comme ça d’ailleurs et tel Dracula je ne supporte pas les miroirs. Je ne crois pas au miroir, je pense qu’ils déforment la réalité. Ils réfléchissent mal, je réfléchis mieux qu’eux.
Tout petit j’aimais écrire, je tenais un journal personnel qui relatait tous mes faits et gestes. Je décrivais tout, mes frères et sœurs, mes parents. Je me suis même mis au poème, les rimes et les strophes alimentaient mon esprit.
Ma puberté a été très révélatrice des nouveaux plaisirs solitaires. J’aimais me masturber. Je m’isolais dans la salle de bain pour m’acharner sur mon membre afin de lui faire cracher tout le plaisir qu’il pouvait me procurer.
Je suis tombé amoureux. Plusieurs fois et surtout ça allait vite. Une fille s’intéressait à moi et voilà que je m’imaginais déjà des nouveaux scénars le soir avant de m’endormir. Dans tous les cas, j’étais son héros et ça finissait par une belle et tendre embrassade.
Etant jeune, rien ne me dérangeait. Nous étions six frères et sœurs et pourtant je ne me sentais pas à l’étroit. J’avais ma vie comme ils avaient la leur. J’aimais ma vie et elle me le rendait bien. J’ai toujours dis que j’avais une belle vie.
A l’instant Isabelle me propose des biscuits « Petit beurre ». A mon premier croque mon esprit a fait un bon dans le temps et je me voyais à l’âge de 10 ans invité chez un ami de classe qui s’appelait Thomas pour son anniversaire. Je ne savais pas trop quoi lui apporter comme cadeau et je lui ai offert ma seule et unique bande dessinée que j’avais eue de mon institutrice lors de mon hospitalisation pour l’appendicite. J’avais un ami marocain qui est venu avec un paquet de petit beurre comme cadeau d’anniversaire. La maman de Thomas a dit en voyant son fils déballer le cadeau : « Oh les petits beurres, c’est gentils » et à cela mon copain marocain a répondu : « Bin non m’dame ce n’est pas du beurre »
Je n’aimais pas les anniversaires, mon petit frère ainsi que moi-même sommes tous deux nés fin octobre et également ma grande sœur. Mes parents organisaient quelque fois une fête d’anniversaire pour nous trois en même temps sauf que tout le monde apportaient des cadeaux qu’à ma grande sœur.
J’avais beaucoup d’amis qui sont encore resté avec le temps d’ailleurs. Mais j’étais rarement seul sauf lorsque j’allais dormir et là j’enchainais mes pensées dans des mondes qui n’appartenaient qu’à moi-même. Je ne sais plus si c’était volontaire, mais je m’interdisais de penser à ce que j’ai fait durant la journée. Aujourd’hui c’est plus pareil, je fais le point tous les soirs avant de m’endormir.
Je me rappelle d’Abderahman qui était celui qui connaissait tous sur les filles. On avait besoin de savoir quelque chose sur notre puberté c’est vers lui que l’on devait se tourner. Il avait des théories propres à lui du genre, le sperme passait par la salive et faisait que la fille tombait enceinte. Depuis ce jour, je n’osais plus faire la bise à une fille.
Bref, j’ai eu une belle enfance. Agrémenter de pleures comme de rires, mais l’ensemble en valait réellement la peine. Mon enfance je ne l’échangerais pour rien au monde, je suis ce que je suis que par grâce à cette enfance. J’ai préservé l’enfant qui sommeil encore en moi. Il est là et j’en ai besoin, cet enfant que j’étais cet enfant que je suis.
