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Heurs et malheurs viennent et passent. Je me souviens de mes bonheurs essentiellement, je ne me souviens presque plus de mes malheurs … J’ai même tendance à croire que j’en ai jamais eu.

Chaque pièce de ma maison était source de bonheur et le jardin y comprit d’ailleurs.

Commençons par les toilettes où nous avons tendance nous les marocains d’appeler ce lieu : « La chambre de soulagement ». Les envies pressantes comme les envies tout court. Je sais qu’actuellement menu de mon smartphone, j’ai doublé pour ne pas dire quadruplé mon temps assis sur le pot à lire et relire les potages sur Facebook.

Et la salle de bain … Au début je détestais la salle de bain. Je me souviens de ma mère ou de la grande sœur me forçant à me laver alors que je n’aimais pas ça. Plus tard, à l’adolescence et à la lueur de mes premières masturbations, la salle de bain est devenue un pèlerinage quotidien. Pratique que je perpétue encore aujourd’hui. Ma mère ou ma sœur frappait avec intensité à la porte et ça cassait toute mon excitation.

Il y a aussi le salon où s’exprimait la télévision et où on ne pouvait voir en famille que le journal ou les films de Louis de Funès. Le moindre flirt, le moindre contact physique suffisait à faire changer de chaine à mon père et à nous demander de retourner expressément dans nos chambres mutuelles.

La cuisine avec cette odeur de pain que ma mère préparait presque quotidiennement. J’aimais manger le pain marocain chaud avec du beurre et du fromage. J’étais heureux et ça se lisait aisément sur mon visage. Un orgasme culinaire en quelque sorte. Il y avait aussi la bouteille de coca qui se vidait presqu’à vue d’œil dans le frigo. J’avais une technique pour que ma mère ne remarque pas le niveau descendre … Je rajoutais de l’eau.

Ma chambre. Je devais la partager avec mon frère. Nous avions des lits superposés. J’étais en hauteur et j’aimais lire des heures des livres fantastiques et je prenais mon pied à m’imaginer par la suite être le héros de ces aventures. Ma chambre où se dressait un bureau face à la fenêtre qui donnait vers une plaine où mes amis jouaient régulièrement au football. J’ai très peu de souvenir de ma chambre, probablement par manque d’intimité aussi non j’aurais exercé mes talents de masturbateurs dans tous les coins et recoins de la pièce.

Aussi non il y avait le jardin, avec le temps je l’appelle le jardin de la vie … un jardin d’Eden en quelque sorte. J’avais un arbre qui au fil du temps est devenu mon meilleur ami. Je grimpais à cet arbre et je pouvais voir au travers du feuillage les gens passés sans qu’ils me voient. J’ai tout appris en observant les gens et je crois que j’ai plus appris avec cet arbre que sur les bancs d’école.

Le bonheur a meublé réellement mon quotidien, j’ai eu une chouette enfance. Mais je reste persuadé que l’on est nos propres producteurs de bonheurs. Si on sait se contenter de ce que le monde nous offre et que nous savons tourner la page et laisser derrière nous les moments douloureux de la vie, automatiquement nous produirons des évènements de bonheurs. Les amis affectueux, les compagnons harmonieux font partis des ingrédients du bonheur. J’aime les gens, j’aime la vie et les gens comme la vie me le rendent bien. Je vous aime…

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