Je suis en haut.
Vue d'ici, la terre est splendide avec ses couleurs chatoyantes. Le bleu turquoise des lagons, le vert profond des forêts, l'ocre de la terre ... En descendant un peu, je distingue des fumées s'échappant de grandes cheminées. Plus loin, un lac rouge intense attire mon attention. A ses côtés, des parcelles blanches, grandes comme des boîtes d'allumettes et couvertes de points noirs, semblables à des petites fourmis. Sur la mer, un bateau fend les flots. L'écume qui se forme à sa suite fait penser au voile d'une mariée sortant de l'église. Je me rapproche du sol. Des effluves nouvelles envahissent mes narines. Je suis près d'un verger. Des milliers de pommes écarlates attendent qu'une main habile vienne les cueillir. Je m'attendais à humer des senteurs de fruits parfumés mais ... rien. Juste une odeur de produit chimique et des fruits impeccables et bien brillants. Plus loin, déposés dans le fond d'un vieux hangar, gisent 3 vieux bidons d'un produit issu des usines Monsanto. Dépitée, je me dirige vers le lac rouge. Cette fois, l'odeur me prend à la gorge. Les excréments d'animaux mêlés au sang sont évacués dans des petites rigoles et acheminés vers ce qu'au départ j'avais pris pour un lac rouge. Le bétail est parqué dans les parcelles et dès qu'il arrive à maturité, tué, et dépecé sur place par des hommes portant masque et combinaison de protection. Dans cet abattoir ultramoderne, l'homme travaille à la chaine, tout est fait pour qu'il oublie que son boulot est de donner la mort. Et dehors, le sang coule. Je repars écoeurée et rejoins le bateau en mer. En guise de voile de mariée, c'est un immense filet qu'il traîne derrière lui. La pêche à outrance avec tous ses débordements est de coutume aujourd'hui. On ne fait pas dans le détail. On pêche tout et n'importe quoi. Je crois que j'en ai assez vu.
Je suis mieux en haut.
