Je ne crois pas aux couleurs, c’est les couleurs qui croient en moi. Ils m’accompagnent dans mon journalier et pourtant, je ne les vois pas souvent et plus encore … Je ne leur en suis pas reconnaissant.
Originaire d’un monde sombre mais chaud à la fois, celui du doux et agréable ventre maternel. A la vue du jour, je n’ai pas aimé et d’ailleurs j’en ai pleuré. Trop de lumière, trop de clarté … un besoin de tout voir dans le détail semblerait-il.
Plus tard, j’ai finis par m’y habituer, je me souviens encore des moments où j’étais couché dans un couffin à regarder les couleurs qui m’entouraient et à essayer inlassablement de les toucher. Je voyais du volume dans les couleurs, de la chaleur même quelque fois.
Ensuite, ingrats comme la plupart des humains je m’en foutais. Les couleurs c’est comme les filles c’est naze. Ça sert à rien et c’est con !
Me souviens encore dans la cour de récré quand Valérie m’a demandé quelle était ma couleur préféré et que je lui ai répondu presque machinalement : « J’n'en ai pas ».
Plus tard, en secondaire la couleur est revenue parce qu’elle accompagnait les formes et donnaient du style. J’ai le souvenir que si un jour je devais passer devant un jury, je porterai un costume rouge et noir. C’est trop bien le rouge et noir et il n’y a pas que Stendhal qui le dit !
J’ai compris à cette époque que les couleurs pouvaient se marier ! J’ai aussi compris à la vue de certaines connaissances et que certaines couleurs pouvaient nous amincir et d’autres nous faire grossir. Les filles maitrisaient cela très bien.
Les filles maitrisent mieux les couleurs que nous, elles savent les marier, elles savent les reconnaitre et même les définir. Quand je voyais du bleu, elles voyaient du turquoise. Et même quelque fois, elles donnaient un nom de couleur suivis d’une précision, un vert allait devenir un vert pomme.
A cette époque, j’étais fasciné par les filles et les couleurs. La couleur était l’amie des filles, c’est probablement pour cela que ce mot est féminin.
Ayant grandi à la campagne, je dois vous avouer que la couleur prédominante à mes yeux était le vert, le vert pâturage comme dirait une fille.
Le vert m’inspire la sérénité, le calme. Un soupçon de quiétude saupoudrant mon quotidien. Mais bizarrement le vert accompagnait le bleu, le bleu ciel comme dirait une fille.
J’ai souvenir qu’un jour avec ma classe de secondaire, nous avions été visité un musée où l’on pouvait admirer des peintures de paysage champêtre. Au grand étonnement de mes professeurs, je trouvais ça con ! Vous voulez voir la nature, allez à la campagne. Je crois qu’inconsciemment je vivais dans un de ces tableaux et je ne m’en rendais pas compte.
A l’université, j’ai entrepris des études en informatique et ma vision chromatique s’est grisonné. Gris souris comme dirait les filles.
Les interfaces de ces supers calculateurs n’offraient guère beaucoup de couleurs bien qu’elles en avaient la possibilité. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai choisis aujourd’hui le papier de couleur grise en hommage à nos chers ergonomistes en informatique qui ont su aux fils des années donner de l’importance au gris au point de les retrouver dans tous nos boutons.
Plus tard encore, à mon divorce j’ai arrêté de voir la vie en rose et je suis passé par une période où j’ai broyé du noir. Noir comme la merde, comme dirait une fille. Je me souviens c’était en été, un bel été comme il est rare d’en trouver en Belgique.
Un jour, un nouvel amour est entré dans ma vie. Un vrai rayon de soleil de couleur jaune. Jaune or comme dirait les filles. Ça coute cher une femme que l’on aime
Bref, j’ai compris au fil de ma ridicule existence que … Qu’importe les couleurs que l’on vous apprendra et que l’on vous décriera.
Les primaires comme les secondaires. Les alimentaires comme les patibulaires. Le rouge, le vert, le bleu, etc.
Aujourd’hui ce qui prédomine ça n’est pas le nom de la couleur mais ce qui suit.
Jaune OR – Gris ARGENTE – TURQUOISE – rouge ZIRCON – rose SAPHIR – bleu AGATE – Vert EMERAUDE