Dans ma vie, il y a eu ma naissance.
L’hiver 74 fut rude … extrêmement rude ! Un mois de janvier neigeux où les routes décourageaient toutes personnes de sortir. Tout le monde restait cloitrer en son domicile. Papa d’origine marocaine, frileux dans l’âme, préférait passer ses moments de libre au lit au côté de ma mère.
Dans ma vie, il y a eu plusieurs rencontres : La rencontre de mon père et de ma mère dans un village de montagne. Ma rencontre à l’état de spermatozoïde et de cet immense ovule a révélé en moi une croissance physique démesurée. Au début, j’étais dans le gaz. Entre un sommeil profond et quelques veillées dans un immense lieu noir et chaud. A un moment donné, j’ai sentis en moi un battement qui allait devenir par la suite mon cœur. Ce cœur dont tout le monde parle ! Des membres ont poussé en moi dessinant des bras, des jambes et même une plus petite qui se situait entre mes cuisses. J’entends des sons à présent.
Des cris, j’en ai entendu plusieurs dans ma vie : Au moment où j’ai été éjecté de mon père pour rejoindre ma mère qui criait également. Un autre cri plus tard pour me faire encore quitter ma mère vers un autre monde. Je me rends compte que le cri dans le monde est une sonnette d’alarme pour indiquer que l’on va quitter un lieu pour un autre. Plus tard, lorsque mon papa me criait dessus, je quittais la pièce pour retourner dans ma chambre.
A présent, je commence à sentir que le liquide qui m’entoure se vide précipitamment. Une force qui jusqu’à présent me protégeait est en train de me pousser, de me rejeter.
Dans ma vie, j’ai souvent été poussé : quand tous mes camarades se sont précipités pour emprunter ce long couloir vers une autre issue. Dans cet hôpital où une dame criait comme une hystérique à ma mère l’ordonnant de me pousser. Dans la cours de récréation quand Luca m’a poussé parce que je ne voulais plus jouer avec lui. Plus tard lorsque cette jolie fille que j’aimais bien m’a délicatement poussé en me disant : « Que t’es bête ».
Je commence à me retourner et ma tête à rejoint cette petite lumière aveuglante qui se dessinait plus bas. À présent je suis entre deux mondes. Une partie dans le ventre de maman et l’autre à l’extérieur où des personnes habillées de blanc parlaient et bougeaient me forçant à les rejoindre.
Dans ma vie, j’ai souvent été entre deux mondes. Mes rêves et la réalité. L’école et la maison. Plus tard, le boulot et la maison. Ma femme et ma mère. Ma famille et mes amis.
Il fait froid à présent et les gens parlent fort. Je les entendais avant - mais moins fort. Je les entendais mieux je trouve … Plein de lumière, trop de lumière !
Heureusement que j’ai acquis ce pouvoir de créer le noir au niveau de mes yeux. Mais bizarrement je commence à m’habituer mais je ne vois pas encore très bien. Juste quelques silhouettes qui s’activent autour de moi pour me faire mal.
Dans ma vie j’ai souvent eu mal. A ma naissance. A la naissance de mon petit frère. Quand papa me traitait d’incapable. Maintenant quand il ne me traite plus parce qu’il a l’Alzheimer. J’ai eu mal quand j’ai aimé, quand j’ai détesté et surtout quand on ne m’a plus aimé.
Tiens maintenant je sens que je suis sur quelqu’un que je connais. Son odeur et son battement de cœur m’est familier. Beurk elle me fait plein de bisous - c’est dégelasse.
Dans ma vie, j’ai eu plein de bisous. Ma maman, mon papa, mes frères, mes sœurs … Ce n’était pas le bonheur. Corinne en 2ème primaire, beurk c’était gluant. Franca en 2ème secondaire … c’était agréable. Mes enfants actuellement et j’aime ça.
Bref c’est dure dure d’être né ! Mais comme j’y suis j’y reste. Actuellement, je me rends mieux compte de ma mission sur terre. Cette mission qui a été gravé génétiquement en moi au moment où je sommeillais profondément dans les entrailles de mon père. Cette mission est …