Tous réunis sans moi, tous dans l’attente de moi, tous à l’écoute de moi... Tout étant sans moi.
A la lecture de ce présent testament, un homme que vous ne connaissez probablement pas, va vous en faire la lecture.
Je commencerai par quelque recommandation vis-à-vis de ce notaire :
Je ne vous aime pas. Pas spécialement vous, mais je n’aime pas les notaires, je les associe aux huissiers et autres avocats … Tous issus du même pédigrée, se faire de l’argent sur les jouissances ou les malheurs des gens – bien que je pense que l’un et l’autre soient liés.
D’ailleurs je suis sûr qu’il est vieux et que même son costume ou son pantalon doit l’être également.
Passons à la suite : Mes aveux …
J’avoue n’avoir pas été un bon mari, j’avoue ne pas avoir cherché à l’être. L’image du mari aimant me semble tellement superficiel et insipide que je ne veux pas y ressembler. Ce bel homme qui rentre chez lui pour enlacer son épouse amoureusement et avec désintérêt.. Je semble ne pas trop y croire. Par contre, j’ai aimé chacune des femmes de ma vie, je les ai aimé sincèrement et probablement distraitement également.
Savoir aimé est un art que je ne maitrise pas … J’aime les gens profondément et aimé une personne pour en récolter son fruit me semble être plus de l’ordre du labeur que de l’aimeur.
Je plaide coupable de quelques fraudes fiscales, de quelques travaux en noir, de quelques infidélités, de quelques mensonges, de quelques actes égoïstes, de quelques bonheurs volés honteusement, de quelques plaisirs que je me suis offert sans en mesurer les conséquences.
En parlant de conséquence et comme je suis dans la confession, je crois que je suis responsable en partie du trou dans la couche d’ozone et de quelques autres trou du cul qui se sont déchainés sur la vie suite à une quelconque humiliation dont j’étais l’investigateur dans la cour de récré.
Je me sens aussi responsable de quelques famines intellectuelles et autres réchauffement colériques. Mais avec cela je pars l’âme en paix vers un monde meilleur, parce que si j’ai œuvré dans ce monde ce n’est pas en croyant au meilleur des mondes mais bien pour le meilleur des mondes.
J’aimerais que mes enfants ne trainent pas mon bon souvenir comme un boulet leur empêchant de s’épanouir.
J’aimerais que l’on pardonne mes erreurs et même mes bonnes conduites.
J’aimerais comme requiem le doux applaudissement de mes proches accompagné de sourire spontané.
J’exigerais que le cérémonieux soit bannis, que les formules de condoléances soient interdites et les pleures défendus.
J’aimerais que tous mes écris soient offert à mes enfants, mes amis et à toute personne concernée ou intéressée.
Je voudrais que l’on brule mes effets personnels ne laissant pour seul souvenir que des brides de souvenir totalement abstrait enfuie au fond de la mémoire de mes proches.
J’aimerais sans concession que la prière mortuaire soit courte et concise et qu’une fois terminée que l’on parte à ses occupations.
Je voudrais que l’atelier d’écriture continue et que chaque participant puisse continuer sur des thèmes choisis à leur guise hebdomadairement.
J’aimerais que l’on ne cherche pas à comprendre les raisons de ma mort. Aucune enquête, aucune investigation. Juste une acceptation et se résigner à dire qu’il était l’heure de quitter ce bas monde.
Je ne tolèrerai aucune visite, aucun diner ou souper chez mes proches. Une fois enfuie sous terre il faut tourner la page et faire face aux habitudes de la vie.
J’aimerais que ça soit une leçon de vie. C’est l’occasion pour donner la dernière leçon, celui du rappel.
J’aimerais que l’on comprenne que c’est juste … Oui la mort n’est que justice. Elle ne discrimine personne et offre la même enseigne à tout voyageur de ce bas monde.
J’aimerais que l’on profite de ce jour pour faire connaissance avec mes autres proches que vous ne connaissez pas.
J’aimerais tout de même un maximum de personne. Probablement dans la recherche du réconfort de mes proches, qu’ils sachent que j’étais aimé des gens.
J’aimerais que tous mes proches comprennent que ce jour est sans lendemain, que pour ma personne et que pour eux l’avenir déroule constamment le tapis.
Je vous lègue tout mon patrimoine inhabituel, celui qui n’enrichit par pécuniairement, qui ne permet pas la spéculation ni même une quelconque taxation.
Je vous lègue tout mon pognon sans budgétisation, ni même une concession ou une pension. Juste des revenus sans écus, des choses que l’on traine tout une vie sans s’appauvrir.
Je vous laisse dans ce monde qui abonde et nous inonde d’occupation et qui ne nous laisse pas une seconde. Un monde de merveille et d’horreur, ces paradoxes se côtoyant et s’affrontant au travers de nos quotidiens.
Par-dessus tout, je vous laisse toute ma considération parce que je vous aimé tous … chacun d’entre vous de façon différente et surtout à ma façon propre.